Alors que la semaine de la dénutrition 2022 touche à sa fin, il est temps de parler de ce sujet qui représente un enjeu de santé publique puisque la dénutrition concerne 2 millions de personnes en France. Par comparaison, le diabète affecte 4 millions de personnes.
Qui est concerné par la dénutrition ?
1 enfant sur 10 hospitalisé est dénutri et le quart des personnes âgées de plus de 70 ans vivant seules sont aussi touchées par la dénutrition en France. Mon expérience en EHPAD m’a mis face à la prévalence de la dénutrition au sein des établissements adaptés.
C’est quoi la dénutrition ?
La dénutrition encore appelée dénutrition protéino-énergétique dans le jargon diététique provient d’un déficit en apports de protéines et de calories par rapport aux besoins du corps avec des conséquences sur la santé.
Ce phénomène peut se rencontrer lorsque les apports alimentaires sont insuffisants en cas d’anorexie ou de malabsorption par exemple, ou bien par l’existence d’un état pathologique comme en cas d’inflammation, de cancer, de brulures etc ; parfois les deux situations s'associent.
Les signes de la dénutrition
Au-delà des critères diagnostics médicaux que je vous épargne et basés entre autres sur le calcul de l’IMC (Indice de Masse Corporelle), certains signes peuvent vous alerter :
Une perte d’appétit, des difficultés à se nourrir, des vêtements qui flottent, des bagues qui glissent, une baisse de moral, une diminution des capacités physiques musculaires (difficultés à marcher et à se relever par exemple chez la personne âgée).
Quels sont les risques liés à la dénutrition ?
Les risques liés à une dénutrition sont nombreux :
- Hausse des infections liées à une diminution de l’efficacité du système de défenses immunitaires
- Risque de chute, de fractures et d’entrée dans la dépendance chez les personnes âgées
- Fonte musculaire
- Incidence psychique (risque dépressif), isolement social
- Moins bonne cicatrisation
- Mortalité plus élevée
Dénutri et « gros » ?
La dénutrition concerne aussi les personnes en situation d’obésité. En effet, une perte de poids importante comme lors d’une chirurgie de réduction de l’estomac (dite chirurgie bariatrique) provoque une fonte musculaire du fait de la perte de poids fulgurante qu’elle occasionne et entraine également des risques élevés de déficits en nutriments et micronutriments (par mal absorption et apports alimentaires limités).
Une baisse des capacités physiques ou une diminution de l’activité physique, un état inflammatoire du fait de l’obésité ou lié à une infection (exemple du COVID 19), une maladie associée, des apports alimentaires insuffisants et déséquilibrés prédisposent à une dénutrition.
Le phénomène yoyo de prise de poids et de perte de poids cycliques sous l’effet de régimes restrictifs répétés aggrave le déséquilibre entre le taux de masse grasse et le taux de masse musculaire en faveur du premier. Sans oublier les troubles du comportement alimentaire qui représentent aussi une situation à risque de dénutrition chez la personne en obésité.
Au vue de l’engouement que connaissent les techniques chirurgicales de traitement de l’obésité, il est à craindre une élévation de la dénutrition parmi la population concernée.
Le meilleur des remèdes consiste à prévenir et accompagner les difficultés liées à l'alimentation par le développement d'un discours positif sur une alimentation « saine » source de plaisir et favorable à une bonne santé plutôt qu’à promouvoir des régimes pour maigrir ou viser un poids idéal. C'est ce qu'encourage le nouveau paradigme sur le poids. J’aime à rappeler qu’il est possible d’adopter des gestes santé et de bien-être peu importe son poids, peu importe sa silhouette. Prendre soin de soi et de son corps passe notamment par l’envie de bouger par plaisir et d’apporter au corps une nourriture qui le rend heureux et en forme !
Sources :
https://www.sfdiabete.org/
https://solidarites-sante.gouv.fr/
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